Lorsque vous dites que vous allez chez le psy à quelqu’un, il y a comme un malaise, mais pourquoi ce sujet est tabou ?
Dans une société où l’on peut parler librement de ses maux de dos ou de sa dernière grippe, admettre qu’on consulte un psychologue ou qu’on traverse une période de fragilité mentale reste, pour beaucoup, un sujet délicat. Mais pourquoi est-ce si difficile de parler de santé mentale, alors que l’esprit est aussi vital que le corps ? Pourquoi aller au psy ou souffrir d’un problème mental est encore perçu comme un tabou ?
Aller chez le psy, un tabou profondément ancré dans l’histoire
La stigmatisation des troubles mentaux n’a rien de nouveau. Pendant des siècles, les maladies mentales étaient considérées comme des malédictions, des possessions démoniaques ou des signes de faiblesse morale. Les personnes touchées étaient souvent enfermées, marginalisées ou même maltraitées.
Avec le temps, la science a fait des progrès, et nous avons appris à comprendre que les troubles mentaux sont des affections réelles, au même titre que les maladies physiques. Mais les vieilles croyances ont la peau dure. L’idée qu’un problème psychologique équivaut à une faille personnelle persiste dans l’inconscient collectif.
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Le problème : on pense qu’il n’y a pas besoin de s’occuper de sa santé mentale… Mais c’est faux !
Et, dans ce sens, il y a beaucoup d’idées reçues sur le fait de dire qu’on consulte un psy. On peut d’ailleurs souvent entendre ou comprendre de manière subtile ces phrases :
« Aller au psy, c’est pour les fous ». Combien de fois a-t-on entendu cette phrase ? Elle reflète une incompréhension totale de ce que signifie consulter un psychologue ou un psychiatre. Aller au psy, c’est avant tout prendre soin de soi, comprendre ses émotions et trouver des outils pour avancer.
En réalité, tout le monde devrait y aller un jour dans sa vie, c’est une réalité. Prendre soin de sa santé mentale est tout aussi important, voire plus important, que de prendre soin de sa santé physique.
« Il faut se débrouiller seul ». Dans une société où l’on valorise l’autonomie et la performance, demander de l’aide est souvent perçu comme un aveu de faiblesse. Mais affronter ses problèmes sans soutien peut aggraver la situation et mener à des souffrances inutiles.
« C’est juste un coup de blues ». Beaucoup confondent une déprime passagère avec des troubles plus sérieux, comme la dépression ou l’anxiété généralisée. Ce manque de compréhension peut empêcher ceux qui souffrent de demander de l’aide.
« Les autres vont me juger ». La peur du regard des autres est l’un des principaux freins. On craint d’être vu comme « fragile », « instable » ou « différent ».
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Pourquoi ce tabou persiste-t-il aujourd’hui ?
On peut observer plusieurs mécanismes qui encouragent ce tabou d’aller chez le psy à persister. Par exemple, il y a le poids de la culture du « bien-être ». Nous vivons dans une ère où l’on valorise le bonheur, la réussite et l’image parfaite. Afficher une faiblesse mentale semble aller à la rencontre de ces pertinentes. Les réseaux sociaux, où tout le monde semble vivre sa meilleure vie, renforcent cette pression.
Il y a aussi un fort manque d’éducation sur la santé mentale. Si les écoles enseignent l’anatomie et la biologie, elles passent souvent sous silence la santé mentale. Peu de gens savent reconnaître les symptômes de troubles comme l’anxiété ou la dépression, ce qui alimente la stigmatisation.
Et, finalement, le système de santé est aussi très compliqué pour la santé mentale, en France. Même en 2024, l’accès à un professionnel de santé mentale reste compliqué. Entre le coût des consultations, les délais pour obtenir un rendez-vous et le manque de psychiatres dans certaines régions, tout pousse à considérer la santé mentale comme un luxe.
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Les conséquences du tabou du « je vais chez le psy »
Ne pas parler de ses problèmes mentaux ou éviter d’aller au psy peut avoir des conséquences graves peu connues. Par exemple, les troubles non traités peuvent s’aggraver. Mais aussi, les personnes souffrantes peuvent se sentir isolées, incluses ou honteuses.
D’ailleurs, la stigmatisation peut empêcher de prévenir et d’accompagner correctement ceux qui en ont besoin. En France, par exemple, les troubles dépressifs touchent environ 3 millions de personnes, et les troubles anxieux encore davantage. Pourtant, seule une fraction d’entre elles consulte un professionnel. Le tabou coûte cher, en vies humaines et en souffrance.
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Et si consulter un psy devenait la norme ?
Pour briser ce tabou, on ne va pas le cacher, c’est le parcours du combattant. Mais, parler plus ouvertement du sujet peut déjà aider. La première étape est de normaliser les conversations autour de la santé mentale. Que ce soit entre amis, en famille ou dans les médias, parler de ses émotions ou de sa thérapie ne devrait pas être perçue comme inhabituelle.
Pour moi, l’important est aussi d’éduquer sur les troubles mentaux. Comprendre que l’anxiété, la dépression ou le trouble bipolaire ne sont pas des « choix », mais des réalités biologiques et psychologiques, peuvent aider à changer les mentalités.
Enfin, il faut aussi encourager et valoriser ceux qui demandent de l’aide. Demander de l’aide est un acte de courage, pas une faiblesse. En valorisant ceux qui osent franchiser le pas, on peut inciter d’autres à en faire autant.
Finalement, imaginez un monde où aller voir un psy serait aussi courant que consulter un médecin généraliste. Un monde où l’on pourrait dire « j’ai rendez-vous avec mon psy » sans crainte d’être jugé. Un monde où l’on comprendrait que prendre soin de son esprit est tout aussi important que prendre soin de son corps.
Ce monde est à notre portée. Chaque conversation sur le sujet, chaque témoignage, chaque effort pour déconstruire les stéréotypes nous rapproche d’une société plus compréhensive, où personne n’aurait à souffrir en silence. Alors, si vous avez besoin d’aide, n’attendez pas. Parlez-en. Parce que prendre soin de soi, ce n’est pas un luxe. C’est une nécessité.
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