Le partage d’émotions personnelles sur des plateformes publiques est devenu une pratique courante. Cependant, publier des selfies accompagnés de légendes révélant des moments de vulnérabilité émotionnelle comporte des risques selon des études.
Bien que cela puisse offrir un soulagement temporaire ou une connexion sociale, exposer publiquement des moments intimes peut avoir des répercussions importantes sur notre bien-être psychologique et sur nos relations personnelles.
1 – Jugement et mauvaise interprétation
Lorsqu’un post devient public, il est ouvert aux interprétations et aux jugements de tous. Or, ces appréciations sont souvent émises sans le contexte nécessaire pour comprendre la situation. La communication numérique, comme le souligne l’étude de Derks et al. (2008), peut facilement entraîner des malentendus.
Le ton et l’intention de la publication peuvent être mal perçus. Cela donne parfois lieu à des commentaires froids ou irrespectueux, qui peuvent accroître la détresse émotionnelle. Dans un tel contexte, le risque d’isolation émotionnelle est élevé. En effet, les réponses ne reflètent pas toujours l’empathie ou le soutien escomptés.
2 – Érosion de l’estime de soi
Brené Brown (2012), spécialiste de la vulnérabilité, explique que la vulnérabilité est une force puissante. Par contre, elle exige un environnement sûr et de confiance pour s’exprimer. Or, la publication répétée de contenus émotionnellement vulnérables peut, au contraire, diminuer la valeur de ces moments intimes. Cela peut créer l’impression que l’on manque de frontières personnelles.
Cela peut, à son tour, envoyer le signal que nos émotions ne méritent pas de respect, et invite parfois les autres à traiter ces émotions avec légèreté. Choisir de partager ces moments avec des personnes de confiance renforce, au contraire, notre estime de soi et notre perception de valeur personnelle.
3 – Dépendance à la validation externe
Les réseaux sociaux offrent une gratification immédiate sous forme de « likes » et de commentaires. Cela peut être rassurant à court terme. Cependant, une recherche menée par Andreassen et ses collègues (2012) révèle que ceux qui cherchent de l’affirmation sur les réseaux sociaux sont souvent plus sujets à l’anxiété et à une baisse de l’estime de soi lorsque cette validation est absente ou négative. La dépendance à la validation externe peut créer un cercle vicieux où notre valeur personnelle est liée aux réactions en ligne, au lieu de puiser dans notre propre résilience.
4 – Des conséquences involontaires pour les relations
La publication d’expériences émotionnelles intenses peut aussi avoir un impact négatif sur nos relations personnelles. Des amis ou des membres de la famille qui voient ces posts en ligne peuvent se sentir mal à l’aise et hésiter à intervenir.
Selon la théorie des relations sociales de Dunbar (1998), la réciprocité émotionnelle est cruciale dans le maintien des liens sociaux. Partager des émotions profondes sur les réseaux sociaux, plutôt qu’en conversations privées, peut affaiblir ce lien de réciprocité et laisser les relations personnelles en ressentir les effets.
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Comment gérer le partage émotionnel sur les réseaux ?
Étant donné les risques du partage excessif, le discernement et la retenue sont essentiels pour garantir que nos émotions soient partagées dans des espaces qui honorent notre vulnérabilité.
1 – Prendre soin de soi par la vulnérabilité sélective
Partager ses émotions vulnérables exige un environnement sûr et empathique. Le discernement permet de privilégier des espaces de confiance où nos sentiments seront accueillis avec respect. La recherche de Sprecher et Hendrick (2004) sur la divulgation de soi souligne l’importance de la confiance et de la réciprocité dans les relations significatives. En réservant nos moments de vulnérabilité pour les personnes en qui nous avons confiance, nous protégeons notre bien-être émotionnel et renforçons la profondeur de ces relations.
2 – Modéliser le respect de soi à travers le discernement
En pratiquant le discernement, nous établissons des limites claires qui indiquent aux autres que nos émotions sont précieuses et dignes de respect. Cette frontière émotionnelle agit comme une forme d’armure, nous protégeant des réponses potentiellement nuisibles et permettant un soutien authentique là où il est le plus efficace. Par conséquent, choisir de partager nos émotions avec soin communique aux autres que nous attendons d’eux un respect réciproque.
3 – Prioriser l’intimité pour le traitement émotionnel
Avant de partager une publication émotionnelle, il est utile de se demander si cette action répond réellement à un besoin émotionnel ou s’il s’agit d’une quête de validation. Des moyens alternatifs de traiter les émotions, comme le journal intime, la thérapie ou les conversations avec des proches, permettent souvent une réflexion plus profonde et un cheminement personnel sans les risques associés au partage public. Ces méthodes offrent un espace pour la croissance personnelle et la guérison sans l’exposition aux jugements extérieurs.
Les réseaux sociaux peuvent aussi favoriser la guérison
Il convient de souligner que les réseaux sociaux peuvent, dans certaines circonstances, jouer un rôle positif dans la guérison émotionnelle. Par exemple, une étude de Rains et Wright (2016) montre que les individus utilisant les réseaux sociaux pour obtenir un soutien en matière de santé se sentent plus connectés et moins stigmatisés. Cependant, la clé réside dans l’intentionnalité de ces partages.
Quelques questions à se poser avant de publier :
- Est-ce que cette plateforme est adaptée pour partager ce moment émotionnel ?
- Quel est mon public cible et peut-il m’offrir le soutien dont j’ai besoin ?
- Me sentirais-je tout autant soutenu si je partageais ceci en privé avec une personne de confiance ?
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