Actuellement, la majorité est fixée à 18 ans en France, mais pourrait-elle finalement passer à 16 ans sous peu ?
L’idée d’abaisser l’âge de la majorité légale à 16 ans en France suscite de nombreux débats dans la société et parmi les législateurs. Actuellement, la majorité légale est fixée à 18 ans, mais certains plaident pour une révision de cette limite d’âge afin de mieux refléter la « maturité » des adolescents d’aujourd’hui. D’autres, en revanche, s’opposent fermement à cette réforme, invoquant des raisons juridiques, psychologiques et sociales.
Dans cet article :
1. Baisser la majorité à 16 ans : zoom sur le contexte actuel en France
En France, l’âge de la majorité civile, fixé à 18 ans depuis 1974, marque le moment où une personne devient légalement responsable de ses actes.
Cet âge permet de voter, de signer des contrats, de travailler sans l’accord parental, ou encore de passer le permis de conduire. Mais avant 1974, la majorité était fixée à 21 ans, ce qui montre que ce seuil est sujet à évolution.
Dans le contexte actuel, la question de l’abaissement de l’âge de la majorité à 16 ans revient souvent sur le devant de la scène politique.
Les partisans de cette idée estiment que les jeunes d’aujourd’hui seraient plus matures que les générations précédentes en raison de leur exposition aux médias numériques, à l’information mondiale, et aux réseaux sociaux dès un très jeune âge.
Voilà pourquoi la question se pose, d’autant que beaucoup de jeunes de cet âge sont d’accord avec cette révision possible.
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2. Les arguments en faveur de la majorité à 16 ans
Pour les personnes qui sont pour la baisse de la majorité en France à 16 ans, voici les principaux arguments qui se bousculent.
Une maturité plus précoce aujourd’hui ?
Les partisans de cette réforme soutiennent que les adolescents sont confrontés à des responsabilités de plus en plus tôt. Grâce à l’accès à l’information via internet, les jeunes développent une conscience politique et sociale beaucoup plus tôt qu’avant.
Selon une enquête menée par l’INJEP (Institut National de la Jeunesse et de l’Éducation Populaire), plus de la moitié des adolescents de 15 à 17 ans estiment être suffisamment matures pour prendre des décisions importantes, telles que voter.
Une implication citoyenne plus accrue
Permettre aux jeunes de 16 ans de voter pourrait renforcer leur engagement civique et politique. Selon une étude de l’Observatoire de la jeunesse, les jeunes de cette tranche d’âge sont de plus en plus intéressés par les questions environnementales, sociales et économiques.
En intégrant cette génération dans le processus électoral plus tôt, on pourrait favoriser une société plus participative et réduire l’abstention chez les jeunes adultes.
Développer l’autonomie financière et professionnelle
Les jeunes de 16 ans peuvent déjà travailler sous certaines conditions en France, mais abaisser l’âge de la majorité permettrait une plus grande liberté financière et professionnelle. Ils pourraient, par exemple, signer des contrats de travail ou de location sans l’accord parental, ce qui favoriserait leur autonomie.
Des exemples européens de majorité à 16 ans
Certains pays ont déjà expérimenté des réformes similaires. En Autriche, par exemple, l’âge de vote a été abaissé à 16 ans pour les élections nationales depuis 2007.
D’autres pays européens comme l’Allemagne pour certaines élections locales ou l’Écosse pour les référendums ont également suivi cette voie. Ces expériences pourraient servir de modèle pour la France, avec des résultats qui ont montré un engagement accru des jeunes dans les processus démocratiques.
La France donne déjà des droits aux jeunes de 16 ans
À 16 ans, on peut quitter l’école. Dès 15 ans, on peut faire la conduite accompagnée et on peut même passer son permis (sans avoir droit de conduire) avant 18 ans. La majorité sur les réseaux est fixée à 13 ou 15 ans selon les réseaux et la majorité sexuelle est fixée à 15 ans.
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3. Les arguments contre l’abaissement de la majorité en France
Mais, malgré ces arguments pour, il y a de nombreux arguments qui vont à l’encontre de cet abaissement de la majorité en France.
L’immaturité et le manque de discernement
Les détracteurs de cette idée estiment que même si les adolescents d’aujourd’hui sont plus informés, ils n’ont pas encore atteint la maturité émotionnelle nécessaire pour prendre des décisions légales et personnelles importantes.
Des études en neurosciences montrent que le cerveau humain continue de se développer jusqu’à l’âge de 25 ans, notamment dans les régions liées à la prise de décision et à la gestion des émotions.
Une pression supplémentaire sur les jeunes
Certains sociologues craignent qu’abaisser l’âge de la majorité à 16 ans pourrait accroître la pression sur les jeunes en termes de responsabilités. À un âge où ils devraient se concentrer sur leur éducation et leur développement personnel, on pourrait les pousser trop tôt à faire face aux réalités de la vie d’adulte.
Des questions juridiques et sociales
Changer l’âge de la majorité pourrait également poser des problèmes sur le plan juridique. Si un jeune de 16 ans devient majeur, il pourrait être jugé comme un adulte en cas d’infractions pénales graves.
Actuellement, les jeunes de 16 à 18 ans bénéficient d’un régime pénal plus souple. Ce changement risquerait d’introduire une incohérence dans le traitement des mineurs par la justice, un domaine où la protection des adolescents est considérée comme primordiale.
Le maintien d’un équilibre familial ?
L’âge de la majorité fixe également les droits et devoirs des parents vis-à-vis de leurs enfants. Abaisser cet âge pourrait perturber l’équilibre familial, en particulier pour des questions comme la tutelle, la gestion financière, et l’autorité parentale. Le soutien parental, encore indispensable à cet âge pour de nombreux jeunes, pourrait être mis à mal.
Des risques d’abus ?
À 16 ans, on se pense mature, mais on ne l’est pas vraiment. Si on abaisse la majorité à 16 ans, il risque donc d’y avoir des abus. Imaginons qu’il soit possible de vendre de l’alcool aux gens de 16 ans, il y a des chances pour ces jeunes d’avoir des problèmes avec cette boisson.
Sexuellement aussi, actuellement on est majeur après 18 ans, mais si la majorité passe à 16 ans… Il faut le dire, beaucoup de jeunes de 16 ans ne sont pas assez matures pour avoir une vie sexuelle comme à 18 ans, notamment avec des personnes plus âgées.
Le droit de vote à 16 ans, un problème ?
Beaucoup de jeunes s’intéressent à la politique mais beaucoup non. Donner le droit de vote à 16 ans impliquerait donc que davantage de personnes en capacité de voter mais non informées sur les programmes et la politique puissent voter et influer les suffrages.
Les jeunes voudront toujours plus
Les jeunes se sentent assez matures à 18 ans et ceux de 16 et 17 aussi, alors pourquoi pas abaisser la majorité ? Après abaissement, les jeunes de 14 et 15 ans diront être aussi matures que des gens de 16 ans, alors pourquoi pas abaisser encore ? C’est un cercle sans fin.
Ressources :
- Proposition de résolution de M. David Corceiro et plusieurs de ses collègues relative au droit de vote à 16 ans aux élections municipale, n° 5051, déposée le jeudi 17 février 2022.
- UNICEF : Élections européennes : à quand le vote à 16 ans en France ?
- Proposition de loi pour un nouveau pacte de citoyenneté avec la jeunesse par le vote à 16 ans, l’enseignement et l’engagement.
- La majorité civile pour chaque pays.
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