Le trou le plus profond du monde a une profondeur de près de 12 000 mètres, soit la taille de 40 tours Eiffel empilées. Un projet fou qui est né dans un contexte houleux.
Le tour le plus profond du monde est situé à Mourmansk en Russie. Il s’agit du puits expérimental de Kola ayant pour nom de code SG-3. À ce jour, il s’agit du tour le plus profond que l’homme ait creusé. Il est né d’un projet ambitieux lancé par l’URSS en 1970. Malheureusement, le projet n’a pas été à son terme avant l’effondrement de l’Union soviétique en 1992. Néanmoins, des records ont été battus et des découvertes scientifiques ont été faites, malgré les difficultés rencontrées durant l’exécution.
L’URSS à la conquête du sous-sol
Entre 1947 et 1991, les États-Unis et l’URSS se sont livrés à une sorte de conflits que les historiens ont qualifié de « guerre froide ». Les deux pays se livraient à des défis dans différents domaines, dont la conquête de l’espace. En 1969, les Américains prennent le pas en devenant les premiers à marcher sur la Lune. Alors, l’URSS décide de réaliser l’exploit dans un autre domaine : la conquête du sous-sol. Ainsi naît le projet SG-3.
À l’origine, il consistait à creuser un puits de 15 km de profondeur avec 23 cm de diamètre. Non seulement pour défier les Américains, le projet devait aussi aider à étudier la composition et la structure de la croûte terrestre. Pour cela, les autorités jettent leur dévolu sur la péninsule de Kola, dans la région de Mourmansk, au Nord-ouest et à quelques kilomètres de la Finlande. L’endroit est stable et sa situation est propice aux recherches scientifiques.
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Un enchaînement d’obstacles qui ralentissaient
Le forage du SG-3 n’a pas été sans difficulté. Au fur et à mesure que le tour avançait, les difficultés s’enchaînent. Le plus grand est sans doute la chaleur. En effet, plus ils s’enfonçaient dans le sol, plus la température montait. Les chiffres prévus ont largement été dépassés sur le terrain. Par exemple, les scientifiques avaient prévu des roches de 100 °C à 12 km, mais bien avant d’arriver à cette profondeur, la température avait déjà largement dépassé les prévisions. À 12 km dans le sol, les roches avaient une température de 180 °C.
En plus de la chaleur qui rendait le forage pénible, divers accidents ont jonché le parcours. À titre d’exemple, une section de 5 000 millimètres du train de tiges s’est coincée dans le trou en 1984, alors que les scientifiques venaient d’atteindre 12 066 km. Pour la retirer, il a fallu des mois d’arrêt de travail et plusieurs tentatives échouées. D’autres désagréments pareils surviennent, causant des pertes d’équipements et mettant un frein au projet qui avançait très péniblement.
Le coup de grâce ultime arriva finalement en 1991, avec l’effondrement de l’URSS. Le projet s’arrête à 12 262 mètres en 1992. Même s’ils n’ont pas atteint leur profondeur initiale, ils sont parvenus à dépasser les États-Unis qui avaient tenté une œuvre semblable avec le projet Mohole, entre 1961 et 1966. Leur trou a été creusé au large du Mexique et a une profondeur de 3 653 mètres.
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Deux découvertes scientifiques majeures
Le projet SG-3 n’était pas qu’une compétition. Il devait aussi servir à faire des recherches scientifiques. Voilà pourquoi durant plus de 20 ans, diverses techniques ont été mises à contribution pour creuser, malgré les difficultés.
Avec le SG-3, diverses découvertes ont été faites. À 6,7 km sous le sol, les scientifiques découvrent des fossiles microscopiques de planctons unicellulaires dans les roches unicellulaires. La datation scientifique révèle que ces organismes y sont piégés depuis des millions d’années.
Un peu plus bas, les scientifiques découvrent une sorte d’eau provenant des minéraux de la croûte profonde. Celles-ci n’avaient jamais remonté à la surface de la Terre. Selon les scientifiques, elles seraient plus anciennes et pourraient nous situer par rapport aux conditions de vie sous terre il y a des milliards d’années.
Plusieurs autres découvertes ont été effectuées durant le forage. Mais, en 2005, le trou a finalement été scellé. Depuis lors, les Japonais ont entamé un projet tout aussi ambitieux dénommé Chikyu. Leur objectif est d’atteindre 30 km de profondeur.
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