Des images qui font saliver, des recettes qui dégoulinent, un plaisir qui frôle l’indécence… Plongez dans l’univers fascinant du foodporn !

Fromage qui coule, œuf mollet qui éclate, chocolat qui dégouline lentement sur un fondant encore chaud… On ne parle pas ici d’un festin à table, mais d’un défilé sur nos écrans. Le phénomène du foodporn a envahi les réseaux sociaux, transformant l’assiette en œuvre d’art coquine et calorique. Mais d’où vient cette obsession visuelle, et pourquoi fascine-t-elle autant les internautes ?
Foodporn : des origines culturelles à l’explosion sur les réseaux
Le mot “foodporn” pourrait faire croire à une simple blague. Pourtant, il ne date pas d’hier. Le terme serait apparu dans les années 80, dans un livre de sociologie féministe, « Female Desire : Women’s Sexuality Today » de Rosalind Coward. Elle y décrivait l’obsession contemporaine pour les images de nourriture, mises en scène avec soin dans les magazines culinaires. Elle comparait cette mise en scène sensuelle à celle du corps dans les médias pornographiques.
Mais c’est avec l’arrivée des réseaux sociaux, Instagram en tête, que le mot a vraiment pris son envol. Dès les années 2010, des hashtags comme #foodporn, #instafood ou encore #cheatmeal ont commencé à inonder nos fils d’actualité. Un phénomène dopé par les smartphones, les filtres et… notre amour pour les plaisirs visuels.
Pourquoi ça plaît autant ?
Le foodporn coche toutes les cases du plaisir instantané : du gras, du sucré, du croustillant, du fondant… et surtout, une esthétique qui frôle l’indécence. Pas besoin d’avoir faim pour que ces images déclenchent une réaction. Le cerveau réagit comme s’il allait manger : salivation, activation des zones liées au plaisir, et parfois même un petit pic de dopamine.
Mais cette stimulation permanente n’est pas sans effet secondaire. À force de voir défiler ces plats parfaits, on finit par déformer notre perception de la vraie nourriture. Une salade bien dressée devient ennuyeuse, un plat fait maison paraît fade à côté d’un burger à dix étages. Et pire encore : cela peut déclencher des fringales, voire alimenter une relation compulsive à la nourriture. En d’autres termes, on mange avec les yeux… sauf qu’on ne mange jamais vraiment !
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Entre art, marketing… et mise en scène
Une chose est sûre, ce qui n’était au départ qu’un plaisir visuel est devenu une arme marketing redoutable. Restaurants, influenceurs, marques alimentaires : tout le monde s’est mis au foodporn, sans exception ! Les visuels sont soignés, calibrés, parfois truqués. Un peu de laque pour faire briller une pomme, du coton pour imiter la vapeur, du carton pour gonfler un burger… Rien n’est laissé au hasard, tout est permis pour vous séduire et vous donner envie.
Certain(e)s internautes en ont même fait un métier. Les foodstagrammeurs et foodtiktokeurs cumulent des millions de vues en montrant des recettes ultra-grasses, des desserts indécents ou des dégustations ASMR (Autonomous Sensory Meridian Response ou réponse autonome des méridiens sensoriels). Pour information, il s’agit de vidéos de personnes qui mangent devant un micro en mettant en avant les sons produits pendant la dégustation : le craquement d’un biscuit, le bruit d’une gorgée, la mastication d’un fruit juteux, etc.
Et pendant ce temps, nous, spectateurs, continuons de scroller, le ventre qui gargouille.
Et si on revenait à une gourmandise vraie et saine ?
Le foodporn amuse, fascine, donne faim… Mais il peut aussi créer de la frustration, surtout quand on consomme plus d’images que de repas réels. Il entretient une culture de la surconsommation, de la malbouffe, de la perfection, du “toujours plus” : plus gras, plus sucré, plus beau, plus spectaculaire. Mais, cette tendance à l’excès a ses limites : elle s’éloigne du plaisir simple de cuisiner et de manger des plats classiques, sans artifices, sans paillettes, mais qui peuvent être excellents pour la santé.
À force de voir défiler des assiettes ultra-retouchées, parfaitement symétriques, brillantes comme des pubs de fast-food, notre regard change. On en vient à trouver “pas appétissants” des fruits ou des légumes au supermarché juste parce qu’ils sont un peu ternes ou irréguliers. On juge la qualité à l’éclat, et non plus au goût. Le foodporn modifie doucement nos attentes, nos choix en magasin, nos critères de beauté alimentaire… et c’est un peu dommage.
Alors, faut-il boycotter le foodporn ? Non. Mais le regarder avec un peu de recul ne fait pas de mal. Une belle assiette ne remplace pas un vrai bon repas, et une photo ne dit rien de ce qu’on ressent à table, entouré de gens qu’on aime. Le vrai foodporn, c’est celui qu’on partage avec sa fourchette… pas avec son téléphone… à méditer !
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Exemples de plats les plus foodporn à scroller (et à goûter !)
🍔 Plats salés ultra-gourmands
- Burger XXL avec double steak, fromage dégoulinant, bacon croustillant, sauce maison
- Mac & cheese gratiné avec fil de cheddar qui s’étire à l’infini
- Frites au fromage fondu et morceaux de bacon (loaded fries)
- Pizza 4 fromages avec croûte farcie et mozzarella bien coulante
- Œuf mollet ou œuf poché qui coule joliment sur une tartine ou un avocado toast
- Hot-dog revisité avec oignons frits, sauce cheddar et jalapeños
- Ramen avec bouillon onctueux, chashu bien gras, œuf coulant et nouilles brillantes
- Tacos débordants de viande, guacamole et sauce piquante
- Grilled cheese sandwich coupé en deux avec le fromage filant qui s’échappe
- Poulet frit croustillant nappé de sauce spicy (type Korean fried chicken)
🍩 Desserts et sucreries très très visuels
- Lava cake avec chocolat coulant à la découpe
- Pancakes empilés avec sirop d’érable, fruits rouges et crème chantilly
- Donuts ultra-colorés avec glaçage brillant, toppings et cœur fondant
- Cheesecake coulis de fruits rouges ou caramel beurre salé
- Milkshake XXL avec crème chantilly, bonbons, cookies et sauces
- Cookies fourrés au Nutella ou au beurre de cacahuète
- Crêpes roulées ou pliées avec pâte à tartiner fondante, banane, noisettes
- Croissant au cœur surprise, revisité en mode foodporn (genre pistache ou kinder)
- Cinnamon rolls nappés de glaçage vanillé qui fond doucement
- Gâteaux arc-en-ciel ou gâteaux « drip cake » avec coulures colorées
Le foodporn est devenu un phénomène culturel à part entière. Il mêle plaisir visuel, culture digitale et marketing bien rodé, mais peut aussi brouiller notre rapport à la nourriture. À force de consommer des images ultra-stylisées, on oublie parfois que la vraie gourmandise, elle, ne passe pas par un filtre Instagram. Regarder du foodporn, ce n’est pas un péché. Le consommer non plus. Mais c’est encore mieux quand ça donne envie de cuisiner pour de vrai, de se reconnecter aux saveurs, aux textures, aux odeurs, bref, à tout ce que l’image ne transmet pas. En fin de compte, le meilleur foodporn, c’est celui qu’on savoure dans l’assiette, pas sur un écran.
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