Sur les réseaux, nous pouvons voir partout le mot « éco anxieux », mais est-ce une vraie préoccupation actuelle ?
Avez-vous vu passer ce mot sur les réseaux sociaux ou dans les médias ? Certains magazines en parlent en boucle. Être éco anxieux devrait être inscrit au dictionnaire, car beaucoup de gens se définissent comme tel actuellement. Mais, c’est quoi exactement ? Et, d’ailleurs, est-ce que l’éco-anxiété touche toutes les castes de la population ? Pour certains, c’est une réalité, et pour d’autres, c’est « un truc de bobo », où est la vérité ?
1. Qu’est-ce que l’éco anxiété ? Quelques chiffres à connaître
Bon, déjà, qu’est-ce que l’éco-anxiété ? Le fait de se définir comme éco-anxieux veut dire qu’on a peur de l’avenir à cause du changement climatique. La plupart des personnes qui se définissent comme tel adoptent ainsi un mode de vie plus « respectueux » de l’environnement (pas toujours le cas), pour adoucir cette anxiété vis-à-vis de notre futur face au dérèglement du climat.
Il s’agirait donc d’une détresse psychologique liée aux préoccupations environnementales. Selon une étude de l’Observatoire de l’Éco-anxiété (OBSECA) réalisée en partenariat avec le collectif « On Est Prêt », 75 % des Français se considèrent comme des « éco-conscients », c’est-à-dire concernés par les enjeux environnementaux.
Parmi eux, 20 % sont qualifiés d’éco-inquiets, ressentant des émotions telles que la crainte pour l’avenir et un sentiment d’impuissance, tandis que 5 % sont identifiés comme très fortement éco-anxieux, éprouvant des symptômes plus intenses affectant leur quotidien.
2. Les jeunes adultes beaucoup plus éco anxieux
Les jeunes adultes semblent particulièrement vulnérables à l’éco anxiété. Une étude publiée dans The Lancet Planetary Health en 2021, portant sur 10 000 jeunes âgés de 16 à 25 ans dans dix pays, révèle que près de 60 % d’entre eux se disent « très » ou « extrêmement » inquiets du changement climatique.
De plus, 45 % estiment que ces préoccupations concernent négativement leur vie quotidienne, et 56 % pensent que l’humanité est condamnée.
Les jeunes sont particulièrement touchés par ce phénomène car, avec les réseaux et internet, ces derniers ont grandi et toujours vécus noyés dans la masse d’informations. Et ils sont donc généralement plus au courant sur les ravages du dérèglement.
3. Une différence entre trouble anxieux et mouvement social
Il faut cependant noter qu’il y a une vraie différence entre être éco anxieux au niveau psychologique et être éco anxieux au niveau sociétal. Il est important de noter que l’éco-anxiété n’est pas reconnue comme une maladie mentale en soi, mais elle peut entraîner une souffrance psychologique significative. Surtout chez ceux qui en souffrent vraiment au même titre qu’un trouble anxieux.
Par exemple, ceux qui sont réellement éco anxieux, au sens psychologique, peuvent développer des TOCs liés à cette angoisse (par exemple faire une fixette sur les microplastiques et venir rendre son quotidien bien plus difficile), faire des crises de panique, avoir une phobie panique des catastrophes naturelles, avoir une peur panique des maladies liées au réchauffement également (comme avec la migration des moustiques tigres en France), etc.
Et d’un autre côté, il y a l’éco anxiété, non pas mentale, mais sociale et politique. Comme pour la non-binarité, certaines personnes sont réellement non-binaires et ne se sentent réellement ni fille ni garçon (ou les deux). Et face à eux, il y a des personnes qui se définissent comme non-binaires dans une forme de protestation politique et sociale : pour dire que les stéréotypes de genres ne devraient pas nous définir par exemple.
C’est pareil ici. Il y a une grosse partie des éco-anxieux qui n’ont pas réellement une « anxiété » face à l’écologie, mais qui utilisent ce terme davantage pour mettre en avant, soit la nécessité d’agir, soit leur mode de vie plus écoresponsable.
Par ailleurs, certaines marquent qui utilisent la stratégie du greenwashing utilisent ce mot dans leurs communications commerciales. Malheureusement, ce genre de pratique invisibilise beaucoup les personnes qui sont vraiment éco-anxieux et paniqués par notre avenir.
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4. Un truc de riches ? Quand le déterminisme social s’en mêle
On peut même en venir à se demander : être écoanxieux, ce n’est pas un truc de riche ou une préoccupation de bobo parisien ? Oui, l’éco anxiété existe et peut réellement impacter la santé mentale, mais n’est-ce pas finalement une préoccupation ressentie uniquement par une certaine classe sociale ?
Lorsqu’on fait partie d’une certaine classe sociale, nous avons plus de chances d’avoir des centres d’intérêts liés à cette classe. C’est Bourdieu qui le dit, mais ce n’est évidemment qu’une généralité.
On peut remarquer une chose si on observe la classe aisée face à la classe populaire : la classe aisée aura plus de « temps » à consacrer (en général) pour se poser ce type de question et donc devenir éco-anxieux.
Leurs besoins fondamentaux étant satisfaits, ils peuvent se consacrer à des préoccupations globales, telles que le changement climatique.
Ce n’est évidemment pas toujours le cas, mais c’est quelque chose qu’on observe souvent. Une personne qui a du mal à finir le mois aura moins tendance à se poser ce type de question, bien qu’elle soit consciente des enjeux écologiques. Mais, elle aura moins tendance à se focaliser sur cela et donc moins tendance à devenir éco-anxieuse.
Les personnes des classes populaires sont souvent accaparées par des préoccupations quotidiennes liées à la survie économique, ce qui peut limiter leur capacité à se pencher sur des questions environnementales.
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5. Davantage d’éco anxieux chez les jeunes diplômés et citadins ?
D’ailleurs, les mouvements environnementaux sont souvent perçus comme dominés par les classes moyennes et supérieures. Cette représentation peut dissuader l’engagement des populations moins favorisées, renforçant l’idée que l’éco-anxiété est une préoccupation des plus riches.
Juste pour illustrer, lors des élections législatives de 2024, en France, l’IPSOS a fait une petite enquête sur l’électorat des partis politiques.
Par exemple, on remarque que la majorité des votants du Rassemblement National sont des ouvriers (à 57 %). De son côté, le Nouveau Front Populaire a un électorat davantage « jeune, diplômé, citadin », lit-on dans l’étude.
Et, selon l’EMDR, l’éco-anxiété serait particulièrement présente chez les jeunes adultes urbains et diplômés. Donc, non, l’éco anxiété n’est pas forcément un truc de riche, mais il semble que les jeunes issus d’une classe sociale plus élevée soit davantage touchés.
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