Avec la situation actuelle en France, on peut se demander : est-ce qu’Emmanuel Macron ne rechercherait pas finalement une forme de monarchie ?
Qu’est-ce que la monarchie ?
Une monarchie est un régime politique où le pouvoir est détenu par une seule personne, le monarque, qui peut exercer ce pouvoir de manière absolue ou limitée par une constitution. Simple comme définition, non ? Globalement, nos rois de France étaient des monarques, par exemple.
Mais, il existe plusieurs types de monarchies dans le monde. D’abord la monarchie absolue. Ici, le monarque détient tous les pouvoirs sans limitation.
Il y a la monarchie constitutionnelle : les pouvoirs du monarque sont définis et limités par une constitution. Exemples de pays avec ce régime : Royaume-Uni, Belgique, Danemark, Espagne, Luxembourg, Pays-Bas.
Et finalement, la monarchie parlementaire : le monarque a un rôle essentiellement symbolique, le pouvoir réel étant exercé par un Parlement élu. Elle est intimement liée à la monarchie constitutionnelle. Généralement, dans les deux, il y a un roi, mais aussi un premier ministre.
Pourquoi nous n’avons plus de monarchie en France ?
En France, nous avions une monarchie absolue. Si certains adeptes voudraient que la France revienne à la monarchie, ce n’est pas ce que souhaite la majorité du peuple, alors très attaché à la notion de démocratie.
Avant la Révolution française de 1789, le roi détenait l’ensemble des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, justifiant son autorité par une légitimité divine. Cette concentration du pouvoir signifiait que le monarque pouvait éditer des lois, lever des impôts et rendre la justice sans nécessiter l’approbation d’assemblées représentatives ou de contre-pouvoirs institutionnels.
Ce qui a mené à la Résolution française
Mais, pourquoi y a-t-il eu la révolution ? D’abord, une crise financière. Les dépenses excessives de l’État, notamment dues aux guerres et au train de vie de la cour, ont plongé le royaume dans une dette profonde.
Les inégalités sociales également. La société française était divisée en trois ordres : le clergé, la noblesse et le tiers état. Ce dernier, représentant la majorité de la population, soutenait l’essentiel des impôts tout en étant exclu des privilèges.
Mais aussi, les idées des Lumières. Les philosophes de l’époque ont évoqué l’absolutisme et prôné des concepts tels que la séparation des pouvoirs et la souveraineté populaire.
La première République
Ces tensions ont culminé en 1789 avec la convocation des États généraux, qui se sont rapidement transformés en Assemblée nationale constituante.
Le 3 septembre 1791, une monarchie constitutionnelle a été instaurée, limitant les pouvoirs du roi par une constitution. Cependant, cette tentative de monarchie limitée a échoué, et le 21 septembre 1792, la Première République a été proclamée, abolissant la monarchie en France.
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Emmanuel « Jupiter » Macron veut-il prendre toutes les décisions seul ?
Il y a des similitudes entre nos problématiques actuelles et celles de l’époque de la Révolution française. D’ailleurs, une nouvelle Révolution française n’est pas exclue, bien qu’elle devrait être bien différente que celle d’antan.
Une situation chaotique en France ?
Actuellement, la France fait aussi face à une crise financière, comme ce qui a déclenché la Révolution. La dette nationale s’élève à plus de 3000 milliards d’euros. La France est épinglée par l’UE et est le troisième pays le plus endetté d’UE avec la Grèce et l’Italie.
Et, au lieu de baser la sortie de la dette sur la production nationale, il y a eu le projet de loi des finances de 2025 du gouvernement Barnier. Un projet de loi qui prévoyait 60 milliards d’économies, mais des mesures qui n’ont pas plu aux députés.
Finalement, comme ce fut le cas à chaque fois en sept ans de pouvoir macroniste, le gouvernement a pris fin prématurément. Michel Barnier a dû démissionner après le vote favorable d’une motion de censure, après qu’il a prononcé le 49.3 pour le budget 2025.
Les éléments compromettants
Emmanuel Macron, qui disait que la France avait besoin d’un chef de l’État « jupitérien », a enchaîné plusieurs crises et décisions qui laissent à penser que, peu importe ce qu’il décide de faire pour le futur (de 2025 à 2027), sa politique ne peut plus fonctionner.
Et, il y a plusieurs points qui nous laissent penser aussi qu’il voudrait prendre davantage de décision seul, voir s’orienter vers une forme de monarchie. Voici nos petites analyses :
- Quelques crises qu’Emmanuel Macron a dû gérer et qui ont souvent entaché sa réputation : les Gilets Jaunes, les diverses manifestations et grèves (éboueurs, pharmaciens, médecins…), le Covid-19, l’inflation et sa gestion.
- Le fait qu’il soit actuellement surnommé Jupiter par beaucoup, une référence au roi des dieux romains, symbole d’autorité suprême et de majesté (liée à son interview de 2019 au magazine Challenges).
- L’usage excessif de 49.3 (article de loi qui permet de passer une loi en force sans vote de l’Assemblée). Notamment sur la Réforme des retraites, très critiquée et rejetée par les Français.
- Emmanuel Macron est le premier président, depuis longtemps, à se détacher des partis Socialistes et Républicains qui dominaient les élections présidentielles. « En Marche » se voulait au centre, trop au centre. Si les Socialistes avaient souvent l’appui de la gauche et les Républicains, l’appui de la droite, ce parti centriste ne convainc pas les deux bords, gauche et droite. Cela explique notamment que le gouvernement, issu de l’ex-majorité présidentielle (plus de majorité depuis les législatives de 2024), n’arrive pas à trouver des consensus et passer des lois par le vote. L’Assemblée est trop divisée.
- Et justement, cette division est encore plus marquée depuis la dissolution surprise de 2024. Cette décision d’Emmanuel Macron, prise presque seul (Gabriel Attal voulait le dissuader), a été vue comme « suicidaire » par son camp. Cette décision montre aussi qu’Emmanuel Macron en avait marre de cette division qui empêchait sa politique et ses lois de prospérer. Elle a aussi fait suite à la victoire du Rassemblement National aux Européennes 2024, ce qui a énervé le président, alors que le RN constitue son parti concurrent sur les deux présidentielles de 2017 et 2022.
- Le président a nommé 5 premiers ministres en 7 ans : Edouard Philippe, Jean Castex, Elisabeth Borne, Gabriel Attal et Michel Barnier. Le gouvernement de Barnier ayant été renversé, il y en a maintenant un sixième. Cela montre aussi que la politique macroniste a du mal à se faire une place.
Et si vous voyez d’autres exemples, nous sommes preneurs ! Dites-le-nous dans les commentaires.
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Le président va-t-il déclencher l’article 16 de la Constitution ?
Ce 5 décembre 2024, le président a pris la parole à la suite du renversement du gouvernement par la motion de censure. Après cette allocution, beaucoup ont eu peur de l’entendre déclencher l’article 16 de la Constitution.
C’est quoi l’article 16 ?
Lassé de changer de gouvernement et de voir sa route barrée, Emmanuel Macron pourrait-il en arriver là ? Le déclenchement de l’article 16 ne veut pas dire une monarchie, ce serait inimaginable à notre époque. Par contre, c’est ce qui s’en rapproche le plus.
C’est quoi ? L’article 16 de la Constitution de la Vᵉ République, adoptée en 1958, confère au président de la République des pouvoirs exceptionnels en cas de crise grave menaçant la nation.
Cet article permet au Président de prendre toutes les mesures nécessaires pour rétablir le fonctionnement normal des institutions.
Quelques règles à connaître
Pour l’appliquer, il faut : une menace grave et immédiate : Les institutions de la République, l’indépendance de la nation, l’intégrité du territoire ou l’exécution de ses engagements internationaux sont menacées de manière grave et immédiate.
Et il faut aussi : une interruption du fonctionnement régulier des pouvoirs publics constitutionnels : Le fonctionnement normal des pouvoirs publics constitutionnels est interrompu ou entravé.
Avant d’utiliser l’article 16, le Président doit consulter spécifiquement le Premier ministre, les présidents des assemblées (Assemblée nationale et Sénat) et le Conseil constitutionnel.
Après ça, le Président adresse un message à la nation pour expliquer les raisons du recours à ces pouvoirs exceptionnels.
Notez que : malgré l’étendue des pouvoirs, le Président doit respecter les dispositions constitutionnelles et ne peut pas dissocier l’Assemblée nationale.
D’ailleurs, après 30 jours d’exercice des pouvoirs exceptionnels, le Conseil constitutionnel peut être saisi par les présidents des assemblées ou par 60 députés ou sénateurs pour examinateur si les conditions d’application sont toujours réunies.
Après De Gaulle, Macron ?
L’article 16 n’a été utilisé qu’une seule fois, par le général Charles de Gaulle, du 23 avril au 29 septembre 1961, à la suite du putsch des généraux en Algérie. Cette période a duré 5 mois et 12 jours.
L’article 16 est parfois évoqué pour la concentration excessive des pouvoirs exécutifs et législatifs entre les mains du Président, ce qui peut représenter un risque pour la démocratie.
Pour le moment, on ne sait pas si Emmanuel Macron l’utilisera. Mais, si le nouveau gouvernement est encore renversé, c’est une possibilité. C’est peu probable, mais possible.
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