Actuellement, on a répertorié près de 2 millions d’espèces de plantes et d’animaux dans le monde. Chacune de ces espèces a un nom scientifique, nom binomial, nom savant ou encore nom latin. Découvrez l’importance des noms scientifiques et comment on fait pour les choisir.
Le botaniste Carl Von Linné a inventé les noms scientifiques en 1758, dans le cadre de la classification des êtres vivants. Ses travaux, inscrits dans un ouvrage intitulé Majeur systema naturae, ont servi de base pour la taxonomie moderne. Von Linné a choisi le latin, car c’était la langue scientifique internationale de l’époque.
Dans cet article :
Pourquoi utiliser des noms scientifiques ?
On utilise ce système de nomenclature spécialisée pour trois raisons.
La communication entre les scientifiques
Les noms scientifiques servent à identifier une espèce ou un autre rang de taxon de manière précise. Ce sont des noms officiels uniques, permettant aux scientifiques du monde entier d’éviter de nommer deux fois la même espèce. Ce système permet aussi de différencier les noms scientifiques des noms communs ou noms vernaculaires. En effet, différentes régions peuvent utiliser différents mots pour désigner une espèce. Il y a aussi des cas où les gens utilisent le même nom pour désigner différents organismes.
La classification des espèces
On utilise aussi les noms scientifiques pour classer et enregistrer tous les organismes, vivants ou disparus. La communauté scientifique peut ainsi disposer des mêmes bases de données et accéder aux mêmes informations. Le principe de la classification se base sur une hiérarchisation pyramidale de tous les êtres vivants. D’abord, les scientifiques établissent des descriptions et des clés de déterminations pour identifier les espèces. Par la suite, ils assignent chaque organisme identifié à des catégories taxonomiques. La classification des espèces peut évoluer en fonction des nouvelles découvertes scientifiques.
Une utilisation législative
En tant que noms officiels et uniques, les noms scientifiques peuvent être utilisés dans des textes de loi. Leur utilisation est ainsi importante pour la promotion du statut de protection des espèces.
Qui peut choisir le nom scientifique d’une espèce ?
Chaque année, on décrit environ 16 000 espèces vivantes et fossiles dans le monde. En général, des taxonomistes ou des biologistes spécialisés dans la classification d’organismes choisissent leurs noms scientifiques.
La description
Lorsqu’une nouvelle espèce est découverte, le scientifique qui l’a trouvée doit décrire les caractéristiques de l’espèce de manière précise. Il doit faire mention de la taille, de la couleur, et de toutes les caractéristiques externes du spécimen.
Il doit également fournir une photographie ou une illustration de l’espèce, surtout pour ses parties génitales. Cela permettra à d’autres chercheurs d’avoir un aperçu de la nouvelle espèce et de le reconnaitre.
La vérification de son unicité
Une fois l’espèce décrite, les taxonomistes doivent examiner ses caractéristiques. Ils déterminent si l’espèce est réellement nouvelle. Pour cela, ils le comparent à d’autres espèces déjà connues ou effectuent des analyses génétiques. Ensuite, l’espèce obtient sa place dans le système de classification des organismes.
L’attribution du nom
C’est la personne qui a découvert la nouvelle espèce qui a l’honneur de la nommer. On peut construire le nom à partir de divers critères, en voici quelques exemples.
- La forme : Le Tacca chantrieri ou plante chauve-souris est une plante de couleur noir intense rappelant l’aspect de l’animal.
- La taille : La Balaenoptera musculus est le nom scientifique de la baleine bleue. Le mot musculus, ici, fait référence à sa grande taille et son poids qui peut atteindre facilement les 140 000 kg à l’âge adulte.
- De la zone géographique : L’Hydnora African est une plante carnivore qui pousse dans la région sud-africaine. Sa fleur émet des odeurs d’excréments pour attirer des insectes.
- Le nom d’une célébrité ou d’un personnage fictif : Le crabe Harryplax severus porte le nom de Severus Rogue de Harry potter. Agra schwarzeneggeri, un coléoptère, lui, porte celui de l’acteur Arnold Schwarzenegger.
Après que le scientifique a choisi le nom, celui-ci doit passer auprès d’une revue spécialisée internationale. Un comité de chercheurs va vérifier si le nom n’a pas encore été donné à une autre espèce. Une fois le nom validé, la revue sera en charge de publier la découverte. Ce processus peut parfois durer plusieurs années. Par ailleurs, il est possible de changer le nom scientifique d’une espèce en fonction des nouvelles découvertes.
Il arrive également que la personne qui découvre l’espèce ne soit pas un scientifique. Dans ce cas, on parle d’un biologiste amateur, car elle a assez de connaissance pour distinguer une nouvelle espèce. Elle peut également nommer l’espèce en suivant les étapes énumérées plus haut.
La bonne manière d’écrire un nom scientifique
Selon les différents codes de nomenclatures, il faut écrire le nom scientifique d’un organisme avec deux mots. Le premier doit être le nom du genre ou nom générique. Il doit apparaitre en italique et sa première lettre en majuscule. Le nom du genre doit ensuite être suivi d’une épithète spécifique ou le nom de l’espèce. Tout comme le nom générique, il se met en italique, sauf que le premier mot n’est jamais écrit en majuscule.
Par exemple, le nom scientifique des humains est Homo sapiens. Le nom de genre est Homo et le nom de l’espèce sapiens.
Par convention, l’écriture du Latin exige l’utilisation de l’italique pour l’écriture à la machine. Si l’écriture se fait à la main, les noms scientifiques doivent être soulignés. Cela est valable pour le nom de genres, le nom d’espèces et de sous-espèces.
Les noms des auteurs, par contre, on les écrit en entier et en Romain. Seuls les noms de Linnæus (Von Linné) et Fabricius peuvent être abrégés par les lettres L. et F.
Après la première utilisation, le nom du genre et de l’espèce peut être abrégé à l’aide de symboles spécifiques. Pour le genre, il suffit de mettre son initiale en majuscule suivie d’un point, et pour l’espèce, il sera en minuscule.
Ainsi, il faut écrire un nom scientifique complet de cette manière : Acyrthosiphon pisum Harris 1776 (Hemiptera : Aphididae)
- Les deux premiers mots en italique correspondent au genre et à l’espèce. S’ils ont été modifiés par d’autres auteurs depuis leur première description, on les met entre parenthèses.
- Le suivant, écrit en Romain, fait référence au nom du taxonomiste qui l’a décrit suivi de la date de description.
- Les mots entre parenthèses décrivent respectivement l’ordre et la famille. Leurs initiales doivent être en majuscule.
- Si le genre de l’espèce a été déterminé, mais non l’espèce, on met sp. après le nom du genre. Si toutes les espèces du genre ont été citées, on met spp. après le nom du genre.
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Les règles à suivre pour écrire les noms scientifiques
Pour attribuer un nom à un organisme, il faut suivre des principes, et des critères définis selon les codes internationaux de nomenclature. Ces codes se basent sur les deux principaux types de classification.
La classification classique ou traditionnelle
Initiée par Von Linné, la méthode classique consiste à organiser les êtres vivants dans le but de les trier. Le principe de l’auteur se focalise sur trois points :
- La présence ou de l’absence de certaines caractéristiques physiques. Par exemple, on classe les animaux qui n’ont pas de vertèbres dans le groupe des invertébrés.
- Ce que font les êtres vivants : ramper, voler ou marcher
- La ressemblance morphologique
Dans cette classification, on classe les organismes en 6 règnes : les bactéries, les archées, les protistes, les champignons, les végétaux et les animaux. Ensuite, 7 catégories appelées taxons constituent chaque règne. Du plus générique au plus spécifique, les taxons sont : le règne, l’embranchement, la classe, l’ordre, la famille, le genre et l’espèce. On peut également subdiviser chaque niveau de taxon en sous-catégories : sous-classe, sous-embranchement, sous-ordre, etc.
La classification phylogénétique ou cladistique
Ce nouveau type de classification consiste en l’élaboration de l’arbre phylogénétique des organismes vivants. Elle essaie d’apporter des informations sur les liens de parenté entre les êtres vivants. Contrairement à la classification classique, elle classe les organismes en fonction des caractéristiques héritées d’un ancêtre commun. Cette résolution résulte des nombreuses découvertes sur l’évolution des espèces. En effet, les êtres vivants évoluent en fonction de leur environnement.
Ainsi, il arrive que deux êtres sans aucun lien proche de parenté se ressemblent, comme la Taupe européenne et la Taupe dorée d’Afrique. À l’inverse, des individus du même groupe ne se ressemblent pas forcément. C’est le cas des éléphants, des animaux terrestres et les lamantins qui vivent dans la mer. Pour arriver à ces conclusions, la classification phylogénétique utilise l’anatomie comparée, l’étude des fossiles et l’analyse ADN.
Le modèle divise les êtres vivants en trois clades ou groupe d’organisme au-dessus de :
- Les bactéries : des êtres unicellulaires dépourvus de noyau
- Les archées : également des êtres unicellulaires se distinguant des bactéries par ses parois cellulaires lipidiques.
- Les eucaryotes : peuvent être unicellulaires ou multicellulaires. L’ADN est divisé en chromosomes à l’intérieur d’un noyau délimité par des membranes. La reproduction se fait de manière sexuée ou asexuée.
Ces deux méthodes de classifications sont complémentaires et ont contribué à l’élaboration des codes de nomenclatures actuels. Voici la liste des codes de nomenclatures en vigueur en fonction de leurs domaines d’espèces :
- Le code de la nomenclature zoologique internationale (ICZN) pour les animaux
- Le code international de nomenclature phytosociologique (ICPN) pour les végétaux.
- Le code international de classification et de nomenclature des virus (ICVCN) pour les virus.
- Le code international de nomenclature des procaryotes (ICNP) pour les bactéries et les archées.
- Le code international de nomenclature pour les algues, champignons et plantes (CINA) pour les algues, les champignons et les plantes.
- Le code international de nomenclature pour les plantes cultivées (ICNP) pour les plantes cultivées.
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