Les affaires criminelles non élucidées, souvent appelées cold cases, fascinent autant qu’elles intriguent. Ces dossiers, où les enquêtes s’enlisent, faute de preuves ou de témoins, laissent derrière eux des familles en quête de vérité et des mystères qui défient parfois les meilleurs enquêteurs.
En France, plusieurs crimes célèbres restent irrésolus, malgré des années d’investigation et les progrès de la police scientifique. Pourquoi certaines affaires sombrent-elles dans l’oubli ? Quels indices manquent encore pour percer ces énigmes ? Aura-t-on jamais le fin mot de l’histoire ? À travers 10 affaires françaises emblématiques, cet article va vous replonger dans les méandres de ces drames humains qui continuent de hanter les mémoires.
Dans cet article :
1. L’affaire des meurtres de la route des Crêtes (1997)
- Les détails du crime : En 1997, une série de meurtres est perpétrée sur la route des Crêtes, une zone isolée de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Plusieurs victimes, principalement des conducteurs de véhicules qui s’étaient arrêtés sur le bord de la route, sont retrouvées abattues de manière très violente.
- La découverte des corps : Les corps des victimes sont retrouvés dans des endroits isolés, parfois à des kilomètres les uns des autres. Les victimes sont toutes des hommes, et l’autopsie révèle que les meurtres ont été commis avec un fusil de chasse.
- L’enquête : Malgré plusieurs théories sur l’identité du tueur, les enquêteurs n’ont jamais pu établir de lien direct entre les différentes victimes. Les meurtres restent non élucidés, et l’enquête est toujours ouverte.
Plusieurs autres disparitions ont été signalées dans les Vosges entre les années 1970 et 1990, certaines dans des circonstances troublantes, mais elles ne sont pas toutes formellement liées aux meurtres de la route des Crêtes. Ces cas incluent des touristes ou des randonneurs isolés, ce qui a alimenté les théories autour d’un tueur ciblant des victimes dans cette zone.
2. Le meurtre de Laëtitia Toureaux (1937)
- Les faits : Le 16 mai 1937, Laëtitia Toureaux, une jeune femme de 29 ans, est retrouvée poignardée dans une rame de métro à Paris, alors qu’elle voyageait en première classe. Elle monte dans la rame à la station Porte de Charenton, vers 18h30. Elle est seule dans son compartiment, car les premières classes étaient peu utilisées. Moins d’une minute après le départ de la rame, à la station suivante (Porte Dorée), des passagers montent et découvrent son corps gisant sur la banquette.
- Les circonstances : Elle a été poignardée une seule fois, en plein cœur, avec un stylet. La blessure était fatale et d’une précision chirurgicale. Le meurtrier s’est volatilisé entre les deux stations, sans être vu ni entendu. Ses affaires personnelles, dont son sac à main, étaient restées sur elle, ce qui écarte la piste d’un vol.
Laëtitia Toureaux était une jeune femme d’origine italienne, naturalisée française après son mariage. Elle travaillait dans une usine, mais menait une vie mystérieuse. Elle fréquentait des milieux très variés, allant de la bourgeoisie parisienne à des cercles moins recommandables. Elle aurait été liée à des activités d’espionnage ou d’infiltration. Elle aurait travaillé pour le compte de la Cagoule, une organisation secrète et paramilitaire d’extrême droite.
Ses liens supposés avec la Cagoule et d’autres groupes politiques clandestins ont alimenté l’idée qu’elle aurait été assassinée pour des raisons politiques. Laëtitia était connue pour son charme et sa fréquentation de nombreux hommes, ce qui a conduit à envisager un crime par jalousie.
L’enquête de police s’est heurtée à plusieurs obstacles, notamment l’absence de témoins directs et la discrétion des milieux qu’elle fréquentait. L’affaire demeure à ce jour une énigme. Notamment, en raison : de la rapidité avec laquelle le crime a été commis (moins d’une minute), de la précision du coup, laissant penser à un professionnel et de l’absence totale de preuves directes pour identifier le meurtrier.
3. Le meurtre de la petite Marion (1996)
- Les faits : Le 14 novembre 1996, à Agen, dans le Lot-et-Garonne, Marion Wagon, une fillette de 10 ans quitte l’école primaire Édouard-Herriot, située près de chez elle, vers 12h10. Elle rentre déjeuner chez ses parents. Son trajet habituel de 300 mètres traverse une place publique souvent fréquentée, mais ce jour-là, elle n’arrive jamais à la maison. Marion disparaît sans qu’aucun témoin direct ne puisse décrire ce qui s’est passé.
Certains signalent avoir vu une camionnette blanche près de l’école ou sur son chemin, mais ces informations n’ont jamais pu être confirmées ni reliées de manière fiable à la disparition.
- Une enquête massive : La police déploie des moyens considérables pour retrouver Marion, incluant des battues, des interrogatoires, et des vérifications de véhicules. L’enquête s’étend à toute la France, mais elle ne produit aucun résultat tangible.
- Les pistes et hypothèses : L’enlèvement par un prédateur est privilégiée par les enquêteurs. Plusieurs prédateurs condamnés pour des crimes similaires ont été interrogés, sans preuve directe pour les incriminer. Une hypothèse évoque un enlèvement par un réseau pédophile, mais aucune preuve concrète ne vient étayer cette piste.
L’enquête a été critiquée pour certaines lacunes dans la collecte des indices et les premières heures cruciales après la disparition. Avec l’arrestation de Michel Fourniret, des questions émergent sur son éventuelle implication dans la disparition de Marion. Fourniret a nié tout lien avec l’affaire et aucune preuve ne le relie directement.
4. Le meurtre de la famille Leprince (1995)
- Les faits : Le 5 septembre 1994 à Thorigné-sur-Dué, un petit village dans la Sarthe, dans la région des Pays de la Loire, la famille Leprince est retrouvée massacrée à l’arme blanche dans leur maison. Il s’agit de Christian Leprince (39 ans), de son épouse Brigitte Leprince (36 ans) et leurs deux filles Karine (10 ans) et Lucie (7 ans). Les quatre membres de la famille ont été tués dans des conditions particulièrement violentes. Le mode opératoire de l’assassin indique une violence extrême, et il semble que le meurtrier ait agi de manière préméditée. Aucun signe d’effraction n’a été constaté dans la maison, ce qui a rapidement orienté l’enquête vers une piste familiale.
- L’aveu du frère Dany Leprince : Le 10 septembre 1994, soit cinq jours après le crime, Dany Leprince, le frère de Christian Leprince, se rend à la police et avoue le meurtre de sa famille. Il explique avoir agi sous l’emprise de la colère et des tensions familiales, mais son aveu est rapidement mis en doute par les enquêteurs. En effet, certains détails de son récit ne correspondent pas aux preuves recueillies sur les lieux du crime.
- Le mobile : Dany Leprince a expliqué que le mobile de ses meurtres était lié à une dispute familiale. Notamment, des problèmes d’argent et des conflits personnels. Toutefois, son comportement et la manière dont il a commis les meurtres, avec une telle brutalité, ont laissé de nombreuses questions sans réponse.
- Le procès et la condamnation : Lors de son procès, Dany Leprince a été reconnu coupable du massacre de ses proches et condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Toutefois, de nombreuses zones d’ombre persistent et Dany Leprince n’a pas cessé de clamer son innocence depuis.
5. La disparition de Pascal Biegun (1999)
- Les détails du crime : Le 3 novembre 1999, Pascal Biegun, une jeune femme de 35 ans vivant à Moustey, disparaît sans laisser de trace. Après avoir quitté son travail en fin de journée au Centre d’aide par le travail (CAT), vers 19 h 10, cette aide-soignante n’a plus été revue. Elle avait quitté le nord de l’a France pour les Landes avec son ami, Rafaël Cuadros et tout semblait aller pour le mieux. Inquiet de ne pas avoir de nouvelles, c’est son compagnon, Raphaël, en déplacement pour le travail, qui donne l’alerte. Ce jour-là, il est en Corrèze, et, de son hôtel, il ne parvient pas à joindre la jeune femme au téléphone. De retour dans les Landes le lendemain, il contacte la gendarmerie, pour déclencher des recherches et déposer plainte pour enlèvement.
- La découverte des indices : La voiture de Pascale, une Renault 25 est abandonnée à proximité d’un bois, mais aucune trace d’elle n’est retrouvée dans la zone environnante. Des témoins affirment avoir vu une silhouette dans les bois le jour de sa disparition, mais cela n’a pas permis de faire avancer l’enquête. De plus, la voiture est retrouvée avec le levier de vitesse est enclenché sur la première. Cela n’était pas, selon ses proches, dans ses habitudes : elle laissait toujours la voiture au point mort.
- L’enquête : Des fouilles dans la forêt et les alentours n’ont donné aucun résultat. La piste d’un accident de voiture suivi d’une disparition volontaire est envisagée, mais rien ne permet de confirmer cette hypothèse. L’enquête reste ouverte.
6. Le meurtre de Sophie Le Tan (2018)
- Les détails du crime : Le 7 septembre 2018, Sophie Le Tan, une étudiante de 20 ans, disparaît après être partie à un rendez-vous avec un homme qu’elle avait rencontré sur une plateforme de petites annonces. La jeune femme était censée visiter un appartement à Schiltigheim, avant de rejoindre sa sœur à Mulhouse pour fêter son anniversaire. Elle ne donne plus de nouvelles et ne répond pas à ses appels.
- La découverte des indices : Le 23 octobre 2019, des fouilles dans une forêt à proximité de Strasbourg permettent de retrouver des restes humains. Ils seront identifiés plus tard comme étant ceux de Sophie Le Tan. L’autopsie révèle qu’elle a été tuée, mais la cause exacte de sa mort reste indéterminée.
- L’enquête : Un suspect, Jean-Marc Reiser, un homme de 58 ans, est interpellé et mis en examen pour meurtre. Cependant, malgré les charges contre lui, la police n’a pas retrouvé le corps complet de Sophie ni de preuves formelles pour établir sa culpabilité. L’affaire demeure avec de nombreuses zones d’ombre encore aujourd’hui.
7. Le tueur de l’ombre (1969)
- Les détails du crime : Entre 1969 et 1976, plusieurs meurtres de jeunes femmes ont lieu en région parisienne, dans des circonstances violentes. Toutes les victimes sont retrouvées dans des parcs ou des zones boisées, et ont été tuées par soit sous les coups soit par balle. La découverte des corps : Les corps des victimes sont retrouvés dans des lieux isolés, souvent en fin de journée, sans aucune trace de lutte, ce qui laisse penser que les victimes ont été prises par surprise. De plus, les cadavres sont dénudés jusqu’aux genoux, mais aucun signe d’agression sexuelle n’est remarqué. L’absence de témoin et les similitudes entre les crimes laissent penser qu’il pourrait s’agir du même tueur.
- L’enquête : La police suspecte un tueur en série, mais malgré plusieurs centaines d’indices et de témoins. La victimologie démontre que le tueur s’en prend aux jeunes femmes blondes. Aucun lien n’a pu être établi entre les victimes, mais l’enquête finit par aboutir à l’arrestation de Marcel Barbeault. Un jeune ouvrier de 35 ans, marié et père de deux enfants.
8. Le meurtre de Sylviane Kaas (1992)
- Les faits : Le 5 avril 1992, Sylviane Kaas, 43 ans est retrouvée morte chez elle par son fils. Elle était une femme de 43 ans, mère de quatre enfants. Elle vivait à Rouen avec son mari André Kaas, un entrepreneur qui a fait fortune et qui ne le cache pas. Le soir du drame, alors que son mari et ses enfants veulent aller au cinéma, Sylviane décide finalement de rester à la maison. C’est ce soir-là qu’elle a été assassinée.
- Les circonstances de sa mort : Sylviane Kaas a été tuée par sa propre arme à feu, une Winchester. Elle a été retrouvée avec 3 impacts de balle dans la poitrine et le fil du téléphone enroulé autour de son cou. Les enquêteurs remarquent la disparition de quelques œuvres d’art, mais le matériel Hi-Fi haut-de-gamme n’a pas été dérobé. De plus, la maison est dans un grand désordre au retour de la famille.
- Les premières investigations : Les premiers soupçons se sont directement portés sur l’hypothèse d’un cambriolage qui aurait mal tourné. Mais, lorsque le SRPJ de Rouen reprend l’enquête, c’est sur le mari de Sylviane, André Kaas que les soupçons se tournent. Ce, malgré que les enfants affirment que leur père ne peut pas être le coupable. En effet, il ne les a pas quittés et à leur départ, leur mère était bel et bien vivante. En fait, André Kaas est victime de sa mauvaise réputation. En effet, le couple qui était libertin avait des mœurs qui choquaient. Des témoignages ont suggéré qu’il y avait eu des tensions dans le couple. Après l’enquête, André Kaas a été arrêté et inculpé pour le meurtre de son épouse.
- L’erreur judiciaire : André Kaas a été condamné en 1993 pour le meurtre de sa femme après des dénonciations qui ont fait de lui le commanditaire du meurtre. Il a toujours clamé son innocence et il s’avère qu’il dit vrai. L’homme se retrouve tout de même derrière les barreaux. Et quasiment toute sa fortune y passe et les enfants livrés à eux-mêmes. En 2004, après plusieurs péripéties judiciaires, un non-lieu est finalement prononcé.
Le véritable meurtrier de Sylviane Kaas n’a toujours pas été retrouvé, et l’affaire reste un cold case.
9. Le meurtre de Nadège Desnoix (1994)
- Les détails de l’affaire : En mai 1994, Nadège Desnoix, une jeune fille de 17 ans, est retrouvée morte, le corps lardé de 8 coups de couteau. On découvre également des traces de strangulation sur son cou et des signes de lutte sont visibles sur les lieux.
- Les circonstances de la découverte : Son corps est découvert par un promeneur qui est passé par le même chemin que celui emprunté par Nadège lorsqu’elle a quitté ses amis la veille. Son père inquiet de ne pas la voir rentrer de l’école avait signalé sa disparition à la gendarmerie
- L’état de l’enquête : Plusieurs suspects, notamment des proches, ont été interrogés, mais aucune preuve tangible n’a permis de résoudre le crime. En 2021, l’affaire revient sur le devant de la scène. En effet, après avoir sombré dans l’oubli, un homme est suspecté. Son ADN est ressorti après une affaire de violences conjugales et il matche avec celui qui avait été collecté sur le corps de Nadège. L’homme, du nom de Pascal avait déjà été condamné pour agression sexuelle en 2002. Il avoue les faits avant de se rétracter et d’accuser son défnt frère.
10. La disparition de Suzanne Viguier (2000)
- Les détails de l’affaire : Suzanne Viguier, mère de trois enfants, vivait à Toulouse avec son mari, Jacques Viguier, un professeur de droit réputé et leurs enfants. Leur couple était en crise depuis plusieurs années. Il était même convenu entre les deux de se séparer. Suzanne avait une relation extraconjugale avec Olivier Durandet, un homme plus jeune qu’elle, avec qui elle avait une liaison depuis environ un an. Son mari n’était pas au courant de cette relation et Olivier était présenté comme un ami de la famille.
Le 27 février 2000, Suzanne disparaît mystérieusement après avoir passé une soirée à jouer au tarot avec Olivier Durandet. Ce dernier prétend qu’il l’a lui-même déposé devant chez elle aux environs de 3h du matin. Le 1er mars, Jacques finit par signaler sa disparition quelques heures avant qu’Olivier ne fasse de même, inquiet de ne pas avoir de sa maîtresse.
- Les premiers éléments troublants : Après le 27 février, Suzanne ne donne aucun signe de vie. Ses affaires personnelles, notamment son sac à main, ses lunettes, sa carte bancaire et son passeport, sont restées chez elle. Jacques Viguier qui n’a signalé immédiatement la disparition de son épouse, paraît suspect. Il affirme ne pas s’être inquiété, pensant qu’elle avait quitté le domicile volontairement. L’amant de Suzanne, joue un rôle clé dans l’affaire. Il informe les enquêteurs des tensions dans le couple Viguier et accuse rapidement Jacques Viguier d’être impliqué dans la disparition.
- L’enquête : Aucune trace de lutte ou de sang n’est retrouvée dans la maison des Viguier. Une thèse criminelle est avancée, suggérant que Jacques Viguier aurait tué sa femme à cause de la liaison avec Olivier Durandet. Cependant, aucun corps n’est retrouvé, ce qui complique considérablement l’enquête. Malgré l’absence de preuves directes, Jacques Viguier est arrêté et inculpé pour homicide volontaire en octobre 2000.
- Les procès : Premier procès (2009) : Jacques Viguier est jugé devant la cour d’assises de Toulouse. Le manque de preuves directes et l’absence de corps jouent en sa faveur. Il est acquitté. En 2010, le parquet fait appel du verdict, et un nouveau procès a lieu à Albi. Là encore, Jacques Viguier est acquitté.
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