La criminalité fascine autant qu’elle effraie, et certaines affaires criminelles restent gravées dans la mémoire collective, non pas uniquement pour leur gravité, mais aussi pour leur mystère.
En France, de nombreux crimes, souvent entourés de circonstances troublantes, n’ont jamais été élucidés, laissant derrière eux des familles en quête de réponses et des enquêteurs frustrés par l’absence de dénouement. Ces « cold cases », ou affaires non résolues, sont le reflet des limites de la justice et des enquêtes, malgré les avancées technologiques et scientifiques. Dans cet article, nous vous proposons de plonger dans 10 affaires criminelles françaises qui continuent de défier les enquêteurs. Chacune d’elles est marquée par des zones d’ombre, des suspects insaisissables ou des indices mystérieusement introuvables. Qu’elles soient récentes ou remontent à plusieurs décennies, ces énigmes nous rappellent que certains secrets semblent destinés à rester dans l’obscurité, nourrissant à la fois fascination et désarroi. Préparez-vous à explorer des histoires captivantes qui, peut-être, trouveront un jour leur résolution… ou resteront à jamais des énigmes insolubles.
Dans cet article :
1. La disparition de la famille Godard (1999)
- Les faits : Le 1er septembre 1999, Yves Godard, un médecin généraliste de 44 ans, loue un voilier, le « Nick », à Saint-Malo, en Bretagne. Il embarque avec ses deux enfants, Camille (6 ans) et Marius (4 ans). Sa femme, Marie-France Godard, n’est pas présente, mais elle sera bientôt liée au mystère. Dans les jours qui suivent, des témoignages indiquent que le voilier navigue au large des côtes bretonnes. Puis, il disparaît des radars.
- La découverte des indices : Le 5 septembre 1999, le voilier est retrouvé à la dérive en pleine mer, près de l’île de Batz. À bord, des affaires appartenant au docteur Yves Godard sont retrouvées. Par contre, aucune trace du père de famille et de ses enfants.
Les enquêteurs procèdent à une perquisition du domicile de la famille et là, des traces de sang appartenant à la mère sont retrouvées, dans la chambre ainsi que dans la salle de bain. En janvier 2000 un sac en toile est repêché contenant des effets personnels des membres de la famille. Notamment, des papiers, des chéquiers et des vêtements, mais aussi un marteau.
Les enfants, Camille et Marius, n’ont jamais été retrouvés. Mais, le crâne de la jeune fille a été retrouvé par des pêcheurs. Au fil des mois, des papiers appartenant au docteur Godard sont retrouvés sur les plages environnantes.
Les restes de Jacques Godard refont surface de manière macabre des années plus tard. En 2006, un crâne et un fémur sont repêchés près de l’île de Bréhat et identifié comme étant ceux du médecin.
- Hypothèses principales : Certains pensent que Jacques Godard, confronté à des difficultés financières et professionnelles, aurait tué sa femme dans un accès de colère, avant de se suicider en mer avec ses enfants. D’autres théories avancent que Jacques aurait orchestré cette disparition pour échapper à ses responsabilités, avec ou sans complicité. Une troisième hypothèse suggère qu’une personne extérieure aurait pu être impliquée dans un triple meurtre et aurait cherché à dissimuler les corps.
- L’état de l’enquête : L’affaire est classée comme un « cold case », faute de preuves suffisantes pour avancer. Elle est régulièrement relancée par de nouveaux témoignages ou découvertes, mais aucun élément n’a permis de percer le mystère de la disparition des enfants. Des témoins affirment avoir aperçu Jacques Godard et ses enfants dans plusieurs pays après 1999, mais ces pistes n’ont jamais été confirmées.
2. L’affaire Jonathan Coulom (2004)
- Les faits : La nuit du 7 au 8 avril 2004 à Saint-Brevin-les-Pins, Jonathan Coulom. À l’époque des faits, il était en classe de CM2 et participait à une classe de mer avec son école dans un centre de vacances à Saint-Brevin-les-Pins. Le soir de la disparition du jeune garçon, une soirée est organisé en l’honneur des étudiants qui passent le BAFA. Durant la nuit, plusieurs surveillants font des allers-retours, sans rien constater d’alarmant. La conductrice du bus, quant à elle, remarque que la porte du dortoir des jeunes garçons est grande ouverte sur l’extérieur. Elle ne fait que la refermer. Il faut préciser que l’endroit n’est pas vraiment une forteresse et apparemment tout le monde pouvait entrer et sortir à sa guise.
- Les détails du crime : Le corps de Jonathan est découvert le 19 mai dans un étang à Guérande. Il est attaché et nu. L’autopsie révèle que le jeune garçon est décédé par étouffement. Aucune preuve de violences sexuelles n’a pu être confirmée en raison de l’état de décomposition du corps. Divers suspects ont été interrogés au fil des ans, mais aucune preuve matérielle concluante n’a permis de les impliquer directement.
3. Affaire du meurtre de Ghislaine Marchal (1991)
- Les faits : Le 24 juin 1991, Ghislaine Marchal, une riche veuve de 65 ans, est retrouvée assassinée dans son domicile sur les hauteurs de Mougins. Son corps est découvert dans une dépendance de sa résidence. Il faut préciser que la porte était barricadée de l’intérieur, bloquée par un lit pliant et une barre de métal. Les gendarmes ont eu beaucoup de mal à ouvrir la porte.
- Les détails du crime :: Ghislaine Marchal avait été tuée dans des circonstances particulièrement violentes, et son domicile était en partie incendié. Plusieurs objets avaient disparu, mais aucune trace de cambriolage classique n’a été relevée. Sur une porte, du côté gauche du couloir, « OMAR M’A TUER » est inscrit en lettres de sang, à 1 m du sol. Une trace sanglante est visible sous l’inscription. Dans la pièce principale, la phrase est inscrite de nouveau partiellement sur la porte d’une chaufferie : « OMAR M’A T ». De nombreuses spéculations se feront sur l’orthographe de cette accusation au vu de la bonne éducation et de la culture de la victime.
- L’enquête : L’enquête s’oriente immédiatement vers Omar Raddad, le jardinier de Mme Marchal, d’origine marocaine. L’homme est interpellé, son domicile perquisitionné et la machine judiciaire se met en marche et va le broyer. Durant, plusieurs années, malgré qu’il proclame son innocence, il est vu en coupable et condamné à 18 ans de réclusion. L’enquête est menée à charge et malgré de nombreuses personnalités qui le défendent, Omar restera en prison jusqu’au 4 septembre 1998, après avoir été gracié partiellement par le Président Chirac. Il aura fait durant sa détention deux grèves de la faim et une tentative de suicide. En 2001, des analyses ADN confirmeront que les empreintes génétiques recueillies sur les traces de sang n’appartiennent pas à Omar. Elles ne peuvent cependant pas être identifiées.
4. L’affaire Ghislaine Leclerc-Bouzaiene (2010)
- Les faits : Dans la nuit du 26 au 27 août 2010, Ghislaine est retrouvée morte dans sa chambre, tuée de quatre balles tirées avec une arme à feu. Le meurtre a lieu dans un cadre rural, une maison située à Volesvres, un petit village en Saône-et-Loire.
- Le contexte : Ghislaine Leclerc-Bouzaiene sortait d’un divorce difficile avec son ex-mari, Ezzedine Bouzaiene, un cuisinier beaucoup plus jeune qu’elle. Le divorce avait laissé des tensions non résolues entre les deux anciens conjoints. La femme était mère de trois filles issues d’un précédent mariage avec Jean-Paul Pelletier.
- L’enquête : Les enquêteurs concluent rapidement que le meurtre était prémédité en raison du mode opératoire précis et de la nature de l’agression (quatre balles à bout portant). Ezzedine Bouzaiene est rapidement interrogé, notamment en raison de ses antécédents de tensions avec Ghislaine. Cependant, aucune preuve directe ne permet de l’incriminer. L’arme du crime n’a jamais été retrouvée. Les pistes matérielles sont limitées, et les témoins manquent dans ce cadre rural. Les enquêteurs interrogent également d’autres membres de l’entourage de Ghislaine, sans succès notable.
Bien que le conflit avec son ex-mari ait été une piste évidente, aucun élément ne permet d’expliquer clairement ce meurtre brutal. L’affaire reste à ce jour un véritable mystère.
5. La disparition de Delphine Jubillar (2020)
- Les détails de l’affaire : Delphine Jubillar, une infirmière de 33 ans, disparaît dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020 à Cagnac-les-Mines (Tarn). Son mari affirme qu’elle a quitté leur domicile à pied après une dispute entre 23h et 4h du matin. Toutefois, elle n’a plus jamais redonné signe de vie. Elle est mariée depuis 7 ans et le couple a deux enfants âgés de 6 ans et 18 mois. En 2020n Delphine engage une procédure de divorce. Manifestement, son mari est d’accord, mais le couple demeure sous le même toit.
- Les circonstances de la découverte : Malgré des recherches intensives, aucun corps ni indice significatif n’a été retrouvé. Les affaires personnelles de Delphine, y compris son téléphone portable, n’ont pas permis de retracer ses derniers mouvements. La perquisition du domicile du couple également ne fait paraître aucune trace suspecte.
- L’état de l’enquête : Son mari, Cédric Jubillar, a été placé en détention provisoire en 2021, soupçonné de meurtre, bien qu’il nie toute implication. Aucun élément concret ne confirme cette hypothèse. En 2023, le mari est renvoyé devant les Assises pour le meurtre de Delphine. Le procès devrait se tenir en 2025.
6. Le meurtre de Sabine Dumont (1987)
- Les faits : Sabine Dumont, 9 ans, une fillette vit avec sa famille à Bièvres, dans l’Essonne, une petite commune paisible de la région parisienne. Le 27 juin 1987, en fin d’après-midi, Sabine sort pour acheter de la peinture à quelques rues de chez elle. En effet, elle a l’intention de peindre un tableau pour sa sœur qui vient d’accoucher. Elle ne revient pas à la maison. Très vite, sa famille s’inquiète et signale sa disparition aux autorités. Malgré des recherches intensives menées par les gendarmes et les habitants, aucun signe de la fillette n’est retrouvé ce soir-là. Pourtant, la jeune fille a croisé plusieurs voisins et a bien acheté son tube de gouache. Elle semble s’être comme volatilisé à quelques rues de chez elle.
- Les circonstances de la découverte : Le lendemain, le 28 juin 1987, le corps de Sabine est découvert nu, dans des buissons, le long de la route nationale 118, à Vauhallan, à environ 5 kilomètres de Bièvres. Elle a été violée et étranglée. Son visage et ses cheveux sont brûlés. L’autopsie confirme des violences sexuelles et révèle qu’elle est morte dans les heures suivant son enlèvement.
- L’état de l’enquête : Les gendarmes et les enquêteurs se mobilisent massivement pour élucider ce crime atroce. Les enquêteurs tentent de retracer les dernières heures de Sabine et interrogent les habitants de Bièvres. Des signalements évoquent une voiture suspecte vue près du lieu de l’enlèvement, mais ces pistes ne mènent à rien de concluant. Les techniques d’investigation de l’époque sont limitées, notamment en matière d’analyse ADN, bien qu’on ait retrouvé du sang sous les ongles de la petite fille. On ne peut qu’identifier le groupe sanguin du tueur qui est A+.
7. Le meurtre d’Eric Calers (2001)
- Les faits : L’affaire Éric Calers est un dossier criminel marquant qui secoue la petite commune de Busnes, dans le Pas-de-Calais, en novembre 2001. Le meurtre brutal de cet homme sans histoire reste encore un mystère.Éric Calers, âgé de 40 ans, père de famille, apprécié de son entourage pour sa gentillesse et son engagement dans la vie localeest découvert abattu devant son domicile le 2 novembre 2001.
- Les circonstances de la découverte : Les tirs semblent avoir été exécutés de manière précise et froide. Il n’y a aucun signe de résistance ou de confrontation. Les enquêteurs soupçonnent rapidement une préméditation, étant donné la précision des tirs et la localisation de la scène. Les analyses toxicologiques mettent en évidence d’anxyolitiques, ce que les proches ne comprennent pas.
- L’état de l’enquête : Plusieurs pistes ont été explorées. Les enquêteurs explorent des conflits éventuels dans l’entourage personnel ou professionnel de la victime, mais aucune piste concrète ne ressort. Les enquêteurs peinent à collecter des indices exploitables sur la scène du crime. Éric Calers ne semble pas avoir d’ennemis déclarés, ce qui complique les recherches. Son beau-frère sera toutefois mis en examen et jugé avant qu’un non-lieu définitif ne soit prononcé en 2018.
8. Le meurtre de Magali Blandin (2021)
- Les détails de l’affaire : Magali Blandin, une éducatrice spécialisée de 42 ans et mère de 4 enfants, disparaît le 10 février 2021 à Montfort-sur-Meu (Ille-et-Vilaine). Le 12 fébrier, c’est l’une de ses collègues qui signale sa disparition. Quelques semaines plus tard, en mars, son corps est retrouvé dans un bois, enterré dans une fosse. Dès les premières recherches, les soupçons se tournent vers son mari. En effet, la jeune femme avait fait de nombreuses signalisations auprès de la police pour violences.
- Les circonstances de la découverte : Après sa disparition, des recherches intensives sont menées. Son mari, Jérôme Gaillard, avec qui elle était en instance de divorce, avoue finalement le meurtre mais se pend en prison avant son procès. Ses propres parents, eux aussi mis en examen pour complicité au moment des faits se sont donnés la mort.
- L’état de l’enquête : Bien que l’auteur des faits ait été identifié, des zones d’ombre subsistent, notamment sur les complicités éventuelles ou le mobile précis du crime.
9. La disparition de Leslie Hoorelbeke et Kevin Trompat (2022)
- Les faits : Leslie Hoorelbeke, 22 ans, et Kevin Trompat, 21 ans, disparaissent dans la nuit du 25 au 26 novembre 2022 à Prahecq, dans les Deux-Sèvres. Le couple participait à une soirée chez Nicolas Renou, un ami de Kévin. Toutefois, le couple n’a plus donné signe de vie après avoir quitté les lieux. Il s’agit d’une affaire criminelle marquante qui a choqué par sa violence et ses mystères.
- Les circonstances de la découverte : Dès les premiers jours, leurs familles signalent leur disparition comme inquiétante. Les affaires personnelles de Leslie et Kevin, comme leurs vêtements et le téléphone de Leslie, sont retrouvées abandonnées dans un conteneur à plusieurs kilomètres du lieu de la soirée. Cependant, aucun corps n’a été retrouvé. Les enquêteurs s’orientent rapidement vers un crime lié à des conflits ou des règlements de comptes.
- L’état de l’enquête : Plusieurs hypothèses sont envisagées, allant d’une disparition volontaire à un acte criminel. La fuite volontaire est envisagée, mais cette hypothèse est vite écartée au vu des indices matériels et de l’absence de contact des victimes avec leurs proches. La disparition d’une importante somme d’argent appartenant à Kévin Trompat est également évoquée. Les corps de Leslie et Kévin sont retrouvés début mars 2023. Les analyses confirment qu’ils ont probablement été séquestrés avant d’être assassinés. Cinq suspects ont été placés en garde à vue, mais les zones d’ombre persistent. L’instruction judiciaire est en cours, et les responsabilités précises des suspects sont examinées par les enquêteurs. Des questions subsistent, notamment sur la planification du crime et le rôle exact de chacun des suspects.
10. L’affaire Cécile Vallin (1997)
- Les faits : Le 8 juin 1997, Cécile Vallin, 17 ans disparaît. Elle était en pleine préparation de son baccalauréat. La jeune fille habitait la commune de Saint-Jean-de-Maurienne avec sa mère et son beau-père. Ce week-end, elle organise une soirée chez elle, allant à l’encontre des recommandations de ses parents. Durant cette soirée, elle a une relation d’un soir avec l’un des invités, trompant son petit-ami officiel. Le lendemain, elle reverra le garçon en question. Par la suite, elle parlera au téléphone avec sa meilleure amie, puis avec son père. Elle semblait avoir des remords et été énervé.
- Les circonstances de la disparition : Ce dimanche-là, Cécile annonce à son père qu’elle allait réviser ses cours. Finalement, il semblerait qu’elle serait allée se promener à pied. Elle quitte leur domicile vers 15 h 30, laissant derrière elle ses affaires personnelles. Elle est vue pour la dernière fois près d’un rond-point situé à quelques kilomètres de son domicile. Après cette dernière apparition, plus aucune trace de Cécile.
- L’enquête : Des fouilles importantes sont menées dans les environs, mobilisant gendarmes, chiens de recherche et bénévoles. Aucun indice matériel n’est découvert : ni vêtements, ni objets appartenant à Cécile. Plusieurs pistes sont explorées. Notamment, celle de la fugue. L’hypothèse est rapidement écartée, Cécile n’ayant aucun antécédent de fugue ou de conflit avec sa famille. Les enquêteurs pensent aussi à l’enlèvement. Le secteur étant traversé par des routes nationales, ils soupçonnent qu’elle aurait pu être embarquée dans un véhicule. Plusieurs pistes sont explorées, notamment celle de Michel Fourniret, actif à cette époque. En novembre 2024, Monique Olivier, la compagne de Fourniret est placée en garde à vue concernant cette disparition.
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